Fish Stikh: introduction

Poisson-cocher grégaire, dhidhamas bibee, 18cm

Stikh: trancription du mot russe стих, le vers

Classiquement, on accompagne le poisson de pommes de terre vapeur, de riz ou de frites.
Les dessins de poissons, en revanche, s’accordent à merveille avec la poésie. C’est ce qui a fait le sel et le délice des dernières vacances à Filitheyo.

Il y a sûrement des fautes dans mes traductions des poèmes d’Anna Akhmatova. D’autre part, je me suis permis certaines libertés, le but étant de respecter autant que possible les pieds et les rimes.


On sait depuis South Park que les Fish Sticks sont à l’origine de la blague la plus drôle du monde.

Akhmatova, Requiem-2


(début et références ici)

En guise d’introduction

Durant les terribles années de la Iejovchtchina, je passais dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Leningrad. Un jour, quelqu’un me reconnut. Alors, debout derrière moi, une femme aux lèvres bleuies sortit de la torpeur qui nous saisissait tous. Elle me demanda à l’oreille (là-bas tout le monde chuchotait):

-Et ça, vous pouvez l’écrire ?

Je répondis:

-Je peux.

Quelque chose de l’ordre d’un sourire glissa alors sur ce qui, un jour, avait été son visage.

1 avril 1957.
Leningrad


Вместо предисловия

B страшные годы ежовщины я провела семнадцать месяцев в тюремных очередях в Ленинграде. Как-то раз кто-то « опознал » меня. Тогда стоящая за мной женщина с голубыми губами, которая, конечно, никогда не слыхала моего имени, отчнулась от свойственного нам всем оцепенения и спросила меня на ухо (там все говорили шепотом):

-А это вы можете описать ?

И я сказала:

-Могу.

Тогда что-то вроде улыбки скользнуло по тому, что некогда было ее лицом.

1 апреля 1957 года.
Ленинград.


sur la place de l’adjectif

Akhmatova, Requiem-1



Non, je n’étais ni sous un ciel étranger,

Ni abritée par des ailes étrangères,

Je me trouvais en ces heures avec mon peuple,

Là où, hélas, mon peuple se trouvait.


Traduction (provisoire) de ces vers d’Anna Akhmatova, tirés de Requiem:

Нет, и не под чуждым небосводом,

И не под защитой чуждых крыл, –

Я была тогда с моим народом,

Там, где мой народ, к несчастью, был.


But: respecter le rythme (10-9-10-9, qui passe à 11-10-11-10), et les répétitions de чуждым, была et народом.


Illustration d’après une photo de Leningrad dans les années 1920-1930, trouvée ici.