Filitheyo: la sieste


Des poissons en veux-tu en voilà, ça fatigue son photographe… et puisqu’en guise d’affection tropicale, j’ai attrapé la fièvre des vers, voici un exemplaire de poésie à pieds diminuants (7-7-6-6-5-5-4-4-3-3-2-2-1):

De l’est volent des nuages,
Le temps est lourd, à l’orage.
Sous le dais de draps clairs,
Il dort paisiblement.
Et moi je dessine;
Du bout de ma mine,
Je mets en traits
Ce qu’on voyait
Ce matin,
En chemin
Par vaux,
Sous l’eau
Bleue.



Y a-t-il un nom pour les augmentations et diminutions de pieds en poésie ? Est-ce de la poésie graphique ? De la poésie visuelle ?
L’occasion de relire Les Djinns de Victor Hugo, ici par exemple.

Ishikari 4


Étape n°1
Étape n°2
Étape n°3

Étape n°4: Fukagawa – Shinshinotsu, 77 km

Nous voici dans la plaine de l’Ishikari, vaste et plate: les champs alternent avec les rizières.
Au programme aujourd’hui: une gare fantôme et un jeu de piste.

À une bonne soixantaine de kilomètres de Fukagawa, peu avant la petite ville de Tsukigata, nous accostons sur la rive droite au lieu-dit Akarasunai: de là, un sentier partant vers le nord nous amène à l’ancienne gare de Toyogaoka. Pour les amateurs de rails perdus dans la verdure (belle photo sur Google Earth)…

Pour la nuit, il y a trois options à Shinshinotsu: un camping, une maison d’hôtes (ひげ父さんの家 : « Maison du père barbu/moustachu ») et un hôtel avec onsen.
Et pour avoir de quoi grignoter dans son lit, partons à la recherche d’une pâtisserie perdue dans les champs.

Suivre la route qui part à l’ouest de l’hôtel: sur notre droite, un sanctuaire shintō puis un temple bouddhiste. Tourner à gauche puis au prochain carrefour, tourner à droite. On passe un carrefour, une rivière, un ruisseau, trois carrefours et au quatrième, tourner à gauche. Un peu plus loin sur votre droite, après un corps de ferme, se trouve dans une bicoque en bois la pâtisserie (ouverte uniquement le week-end).


En japonais, hige (ひげ) signifie barbe ou moustache: petit explicatif ici.
À ne pas confondre avec le hygge danois, qui n’a rien à voir dans cette histoire… ou presque !

Ishikari 3 (et des épinards au sésame)

Étape n°1
Étape n°2

Étape n°3: Asahikawa – Fukagawa, 29 km

L’étape du jour est courte: la matinée sera consacrée à la visite d’Asahikawa, deuxième plus grande ville d’Hokkaido.

Le principal monument semble être le pont Asahi (en premier plan sur le dessin), construit avec de l’acier allemand en 1932…
Tout près (la masse d’arbres foncés derrière la pont sur la gauche) se trouve le parc Tokiwa: promenade sous les arbres, visite du sanctuaire Kamikawa sur son île au milieu de l’étang, repos sur un banc avec un livre de Yasushi Inoue (natif d’Asahikawa) et un bento pour le repas de midi… avec des épinards au sésame, par exemple (recette ci-dessous).

On reprend la route, ou plutôt, les flots.

Arrivés à Fukagawa, les geeks pourront aller voir le Chatbus, situé au sud-est de la ville, à un bon gros kilomètre à l’est de la sortie de l’autoroute. Il y a un camping et une brasserie de cidre tout près.


pour deux petites portions d’épinards au sésame: 350 g d’épinards frais, 2 cc de tahini, 1 cc de miel, 1 cs de graines de sésame, 1 cs de sauce soja, 2 cs de vinaigre de riz, 3 cs d’huile de sésame grillé

Blanchir les épinards, les rincer à l’eau froide, les essorer en les serrant fortement entre les mains et les couper en petits tronçons de la taille d’une bouchée. Faire griller les graines de sésame dans une poêle à sec. Mélanger les ingrédients pour la sauce. Verser sur les épinards et parsemer de graines de sésame grillé.


Un autre regard sur Asahikawa, inspiré par Haruki Murakami.

Ishikari 2

Étape n°1

Étape n°2: Sōunkyō – Asahikawa, 77 km

Après avoir passé un camping puis un golf, 1 km environ après celui-ci, première petite halte de la journée: les commentaires sur la carte parlent de « chou puant« , mais il s’agit ici en fait de son cousin japonais, le lysichite blanc. Qui lui ne sent pas mauvais…

Son nom japonais, mizu bashō, signifie « bananier d’eau » et on ne parle pas de n’importe quelle bananier: le musa bashō (ou bananier du Japon) qui inspira le poète Bashō pour son pseudō. L’occasion de pondre un haiku:

La rivière coule
Un cal dans ma main
Ramant sous la lune

La rivière débouche dans la plaine, on passe les villages de Kamikawa et Aibetsu et juste avant d’arriver dans les faubourgs d’Asahikawa, une dernière halte botanique: sur les pentes de l’Otokoyama National Park pousse l’Erythronium japonicum, cousin de notre dent de chien. En japonais, katakuri: et les gourmands le connaissent bien puisque son bulbe est utilisé sous forme de poudre pour fabriquer entre autres les ichigo daifuku !


Au cas où le cal dans la main s’accompagnerait d’un creux à l’estomac et d’un intense mal du pays, la boulangerie Mawarimichi à Tōma propose pain au chocolat, stollen et jambon-beurre.




Tourisme fluvial: Ishikari 1



Ma dernière expédition fluviale s’étant embourbée peu après Blagovechtchensk, et ce coin du monde perdu pour l’instant, j’ai allègrement sauté par-dessus la mer du Japon pour descendre le principal fleuve d’Hokkaidō, l’Ishikari.

Étape n°1: Naissance de l’Ishikari – Sōunkyō, 26 km

Départ au point de confluence des deux ruisseaux donnant naissance à l’Ishikari, le Nutapukanbetsu et le Kuchanbetsu: 43°34’05.8’’N, 142°59’05.3’’E.

Un héliport, un lac artificiel et un barrage plus tard, nous arrivons dans les gorges de Sōunkyō. À voir: des formations rocheuses et des cascades.

Retour à la civilisation dans le village de Sōunkyō, qui dispose de sources thermales: arrêt obligatoire aux bains publics (Kurodake-No-Yu Public Onsen). En farfouillant au supermarché (le 7-Eleven) je rapporte quelques souvenirs (à retrouver dans leur photos sur Google Maps): du salami, des caramels d’Hokkaidō dans des boîtes kawai, du miel et une patte d’ours en bois pour faire des massages.


Savez-vous ce qu’est un bras-mort ? Rien à voir avec les kilomètres à la rame… mais c’est grâce à la rivière Ishikari (et Wikipédia) que je découvre ce mot et ses traductions pour fashionistas: Oxbow lake en anglais, billabong en australien.

Mas huni: déjeuner maldivien


Il y en a qui voyagent avec un saumon: une boîte de thon me suffit.

Pour retrouver le goût des déjeuners maldiviens, une recette rapide du placard: ma version du mas huni. À accompagner de parathas si on a le temps; sinon du riz, des patates à l’eau, ou du pain feront tout aussi bien l’affaire.


pour deux personnes: une boîte de thon (200 g, thon jaune de préférence), 1/2 oignon rouge, 1/2 citron jaune ou 1 citron vert, 1 piment, 2 cs bombées de noix de coco râpée, 2 cs de vinaigre de pomme

Dans un grand bol, verser l’oignon et le piment émincés finement, le vinaigre, le zeste et le jus du citron, le thon (émietté à la fourchette et grossièrement égoutté) puis la noix de coco. Bien mélanger, ajouter éventuellement un peu d’huile (l’original était plutôt sec, je le préfère un peu plus gras) puis mettre au frais jusqu’au service.


En attendant de voir l’atoll de Faafu en vrai, visite de l’île de Nilandhoo sur Google maps: le Café Allegria sert de modèle pour un dessin rapide (et d’alibi pour essayer ma nouvelle plume).

Quadricolor


Enfin un jour de libre ! Pour fêter ça, je voulais acheter un bouquet de mimosa… Les parisiennes en avaient à la main le week-end passé mais ici cela viendra début mars, me dit la vendeuse.
En attendant, rêves d’aquarelles devant ce nuancier: mimosa, glycine, baltique, palmier… vivement les retrouvailles !
Et parce que c’est malgré tout encore l’hiver, je célèbre ce soir avec puzzle, bougies, thé et un avant-goût de déjeuner chocolaté.


Que fête-on le 11 février à part Notre Dame de Lourdes ?
Les 120 ans de la création de la 9ème symphonie de Bruckner (celle de Mahler viendra en juin, 9 ans plus tard).
Les 101 ans de la découverte de l’insuline.
Les 63 ans de la mort de Sylvia Plath et les 6 ans de celle de Jirō Taniguchi.


Un court-métrage avant de dormir: Ernie Biscuit de Adam Elliot.