acanthurus lineatus
fashuvi libaas (en divehi, la langue officielle des Maldives)
20cm, rencontré à Gangehi
acanthurus lineatus
fashuvi libaas (en divehi, la langue officielle des Maldives)
20cm, rencontré à Gangehi
En planchant pour une deuxième jaquette, je relis L’usage du monde de Nicolas Bouvier. L’occasion pour en partager ici quelques passages et pour esquisser un début de réponse à cette question: voyager, mais pourquoi ?!
Voyager pour déguster:
A midi : un oignon, un poivron, pain bis et fromage de chèvre, un verre de vin blanc et une tasse de café turc amer et onctueux. Le soir, les brochettes de mouton et le petit luxe du coup de pruneau sous les sorbiers élèvent un peu le prix du repas. En ajoutant les excellentes cigarettes locales et la poste, c’est la vie pour deux, à sept cents dinars par jour.
Voyager pour se laisser envahir:
(…) alors la ville m’attaque. C’est très soudain ; il suffit d’un ciel bas et d’un peu de pluie pour que les rues se transforment en bourbiers, le crépuscule en suie et que Prilep, tout à l’heure si belle, se défasse comme du mauvais papier. Tout ce qu’elle peut avoir d’informe, de nauséabond, de perfide apparaît avec une acuité de cauchemar : le flanc blessé des ânes, les yeux fiévreux et les vestons rapiécés, les mâchoires cariées et ces voix aigres et prudentes modelées par cinq siècles d’occupation et de complots. Jusqu’aux tripes mauves de la boucherie qui ont l’air d’appeler au secours comme si la viande pouvait mourir deux fois.
Voyager pour apprendre à se défendre:
Tout d’abord, c’est logique, je me défends par la haine. En esprit, je passe la rue à l’acide, au cautère. Puis j’essaie d’opposer l’ordre au désordre. Retranché dans ma chambre, je balaie le plancher, me lave à m’écorcher, expédie laconiquement le courrier en souffrance et reprends mon travail en m’efforçant d’en expulser la rhétorique, les replâtrages, les trucs : tout un modeste rituel dont on ne mesure probablement pas l’ancienneté, mais on fait avec ce qu’on a.
Voyager pour se réconcilier:
Lorsqu’on reprend le dessus c’est pour voir par la fenêtre, dans le soleil du soir, les maisons blanches qui fument encore de l’averse, l’échine des montagnes étendue dans un ciel lavé et l’armée des plants de tabac qui entoure la ville de fortes feuilles rassurantes. On se retrouve dans un monde solide, au coeur d’une grande icône argentée. La ville s’est reprise. On a dû rêver. pendant dix jours on va l’aimer ; jusqu’au prochain accès. C’est ainsi qu’elle vous vaccine.
Voyager pour sourire:
Un autre matin que j’étais accroupi dans le jardin municipal en train de photographier la mosquée, un oeil fermé, l’autre sur le viseur, quelque chose de chaud, de rugueux, sentant l’étable, se pousse contre ma tête. J’ai pensé à un âne – il y en a beaucoup ici, et familiers, qui vous fourrent le museau sous l’aisselle – et j’ai tranquillement pris ma photo. Mais c’était un vieux paysan venu sur la pointe des pieds coller sa joue contre la mienne pour faire rire quelques copains de soixante-dix-quatre-vingts ans. Il est reparti, plié en deux par sa farce ; il en avait pour la journée.
Voyager pour être heureux:
A l’est d’Erzerum, la piste est très solitaire. De grandes distances séparent les villages. Pour une raison ou une autre, il peut arriver qu’on arrête la voiture et passe la fin de la nuit dehors. Au chaud dans une grosse veste de feutre, un bonnet de fourrure tiré sur les oreilles, on écoute l’eau bondir sur le primus à l’abri d’une roue. Adossé contre une colline, on regarde les étoiles, les mouvements vagues de la terre qui s’en va vers le Caucase, les yeux phosphorescents des renards. Le temps passe en thés brûlants, en propos rares, en cigarettes, puis l’aube se lève, s’étend, les cailles et les perdrix s’en mêlent… et on s’empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour. On s’étire, on fait quelques pas, pesant moins d’un kilo, et le mot « bonheur » paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive.
Pour l’illustrer, j’ai voulu retracer ce voyage à la façon de Thierry Vernet et par l’intermédiaire des objectifs subjectifs d’Instagram. Dans l’ordre d’apparition: #belgrade, #backa palanka, #prilep, #alexandropolis, #ankara, #sungurlu, #merzifon, #ordu, #giresun, #gumushane, #bayburt, #erzurum, #maku, #tabriz, #mahabad, #myane, #kazvin, #teheran, #ispahan, #chiraz, #takhtedjamchid, #yezd, #anar, #nosratabad, #zahidan, #quetta, #kandahar, #kabul et #khyberpass.
Ouvrir le moteur de recherche qui plante des arbres, Ecosia.
Chercher ichigo daifuku et admirer les images (je vous mâche le travail, mais mâchera bien qui mâchera le dernier). Pour les zélés et les anxieux, il peut être utile de regarder cette vidéo.
8 fraises, 200 g d’anko (pâte d’haricots azuki: koshian en version lisse ou tsubuan avec des morceaux), 100 g de shiratamako (farine de riz gluant), 50 g de sucre, 100 g d’eau, une bonne poignée de fécule (katakuriko ou fécule de pomme de terre en version authentique, sinon fécule de maïs, c’est kifkifburiko)
Laver, équeuter et sécher les fraises. Diviser l’anko en 8 boulettes et en enrober chaque fraise. Réserver.
Préparer un plan de travail enfariné de fécule et garder le paquet à proximité (aujourd’hui en mode prévention: pour ceux que les seins offensent, passez votre chemin).
Dans une casserole, bien mélanger le shiratamako, le sucre et l’eau. Faire chauffer à feu doux en remuant constamment, jusqu’à obtenir une pâte qui se détache des bords, élastique et collante.
L’auto-palpation peut sauver des vies, elle fait également des miracles en cuisine: tremper ses doigts dans la fécule et prélever une petite boulette de pâte. Si elle a la consistance d’un lobe d’oreille, c’est gagné ! Penser à l’auto-palpation chaque mois, et également pour la cuisson de la viande.
Transférer la pâte sur le plan de travail enfariné et la diviser en 8 parts égales. Prendre un des morceaux, l’étirer en un disque bien régulier et y enfermer une fraise. Sceller sa prison et répéter l’opération avec ses sept soeurs. Veiller à les enduire de fécule pour qu’elles ne collent pas.
Consommer sans attendre.
Merci à Cuisine en bandoulière et à A vos baguettes pour l’inspiration
Lausanne, parc du Denantou
Tout vient à point à qui sait attendre. Pour des raisons tout à fait personnelles, je peux en cette fin janvier songer à la Russie sans amertume: finalement.
Moment parfait pour évoquer ce livre, « If You Have A Secret », de Irina Popova.
Acheté pour pas grand chose au détour d’un salon d’art contemporain, j’avais vu comme un présage de me retrouver avec l’exemplaire 7/100 entre les mains (une vieille histoire de maillot de basket). C’est un livre de photographies, que viennent enrichir des « secrets », souvenirs de jeunesse confessés par l’auteure. J’ai retrouvé cette troublante oscillation entre beauté et laideur qui fait le charme de ce pays.
Une belle vidéo de présentation, pour tous ceux que le prix rebutera…
J’aime tout particulièrement ce texte qui clôt le livre:
Afterword Only after you leave do your miss your land as if someone died, who you didn't love or understand enough. In that moment you become a bird, whose legs were curt off and it can't land, and has to fly eternally without a pause until it falls dead and until it starts to believe that Native land exists only in its imagination. When childhood is done I chose to live in a different place, but there was never day I did not think of it horrified by the things happening there. To return to Russia is even sadder than living there. It's strange to see places where something happened, to see that streets where you lived and loved are still on the map. It's strange to see this country hasn't cured his wounds, that it's still failing with even greater acceleration, that curved routes are more pronounced. I believe that a country consists not of imaginary ideologies not of rules, programs or laws, not even of its wars and disasters, but of the sum of the separate, disparate human beings, their destinies and ways. And until everyone's personal curved route won't become straight, this country won't cure itself. Yet still, there is hidden magic in it, a deep beauty which some sentimental people call "Soul". I felt it when I saw a woman in Paris reading Dostoevsky on the metro.
« Dès le dernière tasse de thé nous commencions à jeter des coups d’oeil sur le visage de l’horloge. Nous le sentions déjà venir, ce train, qui serpentait quelque part au fond de la taïga endormie. Nous sortions bien à l’avance. Et dans le silence du soir nous l’entendions approcher. »
Un extrait du livre d’Andreï Makine, Au temps du fleuve Amour, car c’est lui qui m’a poussé dans ce wagon. Ce livre, puis un atlas, puis d’autres livres puis l’envie d’apprendre cette langue pour découvrir ce pays.
« Il n’y eu plus d’arrêts jusqu’au bout. Nous cessâmes de nous inquiéter en comprenant que d’une escapade anodine notre voyage s’était depuis un bon moment transformé en une véritable aventure. Il fallait la vivre comme telle. Peut-être ce train fou ne s’arrêterait-il jamais ?… »
« …La boussole d’Outkine indiquait à présent le sud. le ciel s’embrumait peu à peu, les contours des collines devenaient flous. Et le goût du vent qui s’engouffrait dans la fenêtre baissée échappait à toute définition: tiède ? humide ? libre ? fou ?… »
« …Son parfum singulier se renforçait, s’épaississait. Et, comme si la locomotive finissait par se lasser de lutter contre ce flux de plus en plus dense, comme si les wagons neufs s’enlisaient dans cette coulée odorante, le train ralentit, longea quelque banlieue insignifiante, puis un long quai, et enfin s’arrêta. »
Dans le livre de Makine, Outkine, Samuraï et le narrateur arrivent jusqu’à l’océan Pacifique. Pour moi, ce sera un prochain voyage…
Pour les personnes ayant du temps à perdre (ou à procrastiner), un petit jeu: laquelle de ces villes-gares du Transsibérien, a-t-elle comme armoiries une injonction subliminale à courir au McDo s’acheter un cornet de frites ?
Mon vieux scanner peinait à la résolution: il a été remplacé par un petit jeune (c comme cougar ?!). Après quelques retouches sur Gimp, le choix du papier, l’impression, le découpage, le laminage, le redécoupage, j’avais enfin toutes les cartes en main et un bon thé pour fêter ça !
La dernière étape fut la boîte: je voulais pouvoir cacher les lettres ou les images, pour des versions évolutives du jeu. Comme il s’agit d’un jeu pour apprendre l’alphabet, une boîte rappelant un livre me paraissait tout indiquée.
Au final, on a neuf pièces de carton épais (2mm) reliées entre elles par de la bande à border noire (25mm de large). Pour un rendu un peu moins austère, j’ai rajouté au feutre indélébile un liseré rouge le long de la bande noire.
On ferme en rabattant les volets verticaux, puis les horizontaux, et on noue le tout avec un ruban, selon les disponibilités du placard.
Ouvert, fermé… ouvert, fermé, ouvert, fermé… on s’amuse déjà bien.
Il est toutefois plus intéressant de jouer avec les cartes, en les étalant et en demandant au petit Robert « Il est où le whisky ? », ou bien « Où sont les fruits ? ».
Avec sa soeur, la grosse Bertha, on passe au niveau suivant: comme elle commence à reconnaître les lettres, on cache les images en lui demandant « C’est quelle lettre, ça ? ». Et puis un jour, on cachera les lettres, et on lui dira « Comment on écrit la lettre E, comme dans éléphant ? ». On la tourmentera avec les accents quand elle sera en âge de comprendre…
Pour le Noël des jumeaux les plus mignons de la terre (en toute objectivité), je prépare un jeu de cartes pour apprendre l’alphabet:
Plus que 18 cartes à illustrer… et 32 dodos avant Noël (j’ai triché).
Sinon, magie de google, en cherchant des images d’ânes bruns, j’ai découvert une chanteuse norvégienne au doux nom: playlist toute trouvée pour accompagner la création de cet alphabet (celle-ci, par exemple).