Un poisson, un poème: épisode 6
Двадцать первое. Ночь. Понедельник.
Очертанья столицы во мгле.
Сочинил же какой-то бездельник,
Что бывает любовь на земле.
И от лености или со скуки
Все поверили, так и живут:
Ждут свиданий, боятся разлуки
И любовные песни поют.
Но иным открывается тайна,
И почиет на них тишина…
Я на это наткнулась случайно
И с тех пор все как будто больна.
C’est un lundi. La nuit. Le vingt-et-un.
Dans la brume la ville s’estompe.
Et voilà que prétend un bon à rien,
Que oui, l’amour existe en ce monde.
Et par ennui ou par commodité,
Tous le croient et vivent en fonction:
Soif de rencontres, puis peur des adieux,
Les amants sifflotent leur chansons.
Mais pour d’autres se brise le brouillard,
Et le silence s’abat alors…
Moi je suis tombée dessus par hasard
Et suis comme malade dès lors.
Anna Akhmatova
1917
Pieds: 10/9/10/9
Vers croisés (un peu triché aux vers 2 et 4)
(original: idem, avec en plus les quatre derniers vers en rime parfaite. Na, na, na, na: joli pied de nez aux traducteurs)
Les amants sifflotent des chansons.
Et moi je ne suis pas 100% convaincue.
Les amants déclament leur chansons ?
Les amants s’unissent en chansons ?
Les amants chantent à l’unisson ?
Les amoureux chantent des chansons ?
J’ai donc convoqué ici le poisson-trompette,
Pour se joindre au concert de mes hésitations !
C’est quoi ce 21 ? Le seul mois de l’année 1917 ou le 21 tombe un lundi, c’est le mois de mai. La seule chose que j’ai trouvée à ce propos, c’est l’appel au recrutement du « bataillon féminin de la mort ».
Je préfère l’explication soufflée par un ami des chiffres, que 21 est un chiffre à haute portée symbolique, produit de 3 et 7.
Peut-être Anna Akhmatova avait-elle eu vent de cette théorie de 1907 sur le « poids de l’âme » ?
Pour revivre l’année 1917 en musique.