Montréal

Montréal

Jardin botanique, picnic au parc, « La bibliothèque, la nuit » à la BAnQ, shirodhara, pâtisseries, vélo au pied des gratte-ciels et le long du canal Lachine (sans l’ombre d’un contrepet), pont de la Concorde, bagels cream cheese-saumon et bières au coucher du soleil sur le Mont Royal, gastronomie à l’Europea, un magasin de papiers et couleurs, un magasin de matériel de cuisine, finir en beauté Chez Lévêque


Espace Ayurvéda, 428 Rue Gilford

Pâtisserie Au Kouign Amann, 322 Avenue du Mont-Royal E

Fairmount Bagel, 74 Avenue Fairmount O

Restaurant Europea, 1227 Rue de la Montagne

Au Papier Japonais, 24 Avenue Fairmount O

La Guilde Culinaire, 6381 Boul St-Laurent

Restaurant Chez Lévêque, 1030 Avenue Laurier O

Courgettes soviétiques

 

Odessa's courgettes

St. Pétersbourg, 2003. Assise à la table de la cuisine, Natacha, la cinquantaine, me fait corriger ses devoirs de français. Dehors il fait déjà nuit, mais sous ces latitudes ça ne veut pas dire grand chose. Derrière le fin rideau de neige, les grands immeubles se ressemblent tous.

Elle pose devant moi une assiette de petits canapés ronds: délicieux !

Natacha vient d’Odessa. Je ne sais plus depuis combien de temps elle habite en Russie, alors pour ne pas mettre davantage d’huile sur le feu, appelons ces courgettes « soviétiques ».


courgettes – ail – mayonnaise – un peu de farine – huile 

Couper les courgettes en tranches de l’épaisseur d’un doigt, les rouler dans la farine et les dorer dans l’huile, à feu pas trop fort pour qu’elles aient le temps de devenir bien fondantes.

Disposer les rondelles sur un plat et laisser refroidir.

Emincer l’ail très fin: pour la quantité, c’est selon les goûts et les impératifs sociaux. Mélanger l’ail avec la mayonnaise et en tartiner généreusement les courgettes.

Servir froid, avec un thé noir ou de la vodka.


Edit, 14.10.16: à la lecture du livre de Wladimir et Olga Kaminer, La Cuisine totalitaire, je tombe sur cette même recette au chapitre « Russie du Sud » (courgettes à la mayonnaise) !

 

How we survived communism and even laughed

J’avais besoin de prendre l’air, de passer deux jours seule, alors j’ai pris le train de nuit pour Zagreb.

J’ai arpenté les rues, les escaliers et les parcs. Je me suis abritée de la neige dans des cafés. J’ai acheté de l’huile de lavande au marché Dolac. J’ai ri jaune au Museum of Broken Relationships, j’ai été séduite par le Croatian Museum of Naïve art. Je suis rentrée dans l’échoppe d’un bouquiniste, je crois bien que c’était dans la rue Skalinska,

je, je, je, je, je,

et voilà que je tombe sur un livre de Slavenka Drakulić, parlant de cette époque où le nous remplaçait le je:

« How we survived communism and even laughed »

S. Drakulic

Dans ce livre paru en 1991, l’auteure part à la rencontre des femmes vivant dans différentes républiques de l’Union soviétique. Sur la base de ces entretiens et de ses propres souvenirs, elle dépeint la face cachée du communisme, loin des assemblées politiques et des discours des hommes: la (sur)vie des femmes à qui incombe au bout du compte de se procurer papier toilette et repas du soir. Tout en restant féminines et apprêtées.

(…) I was to give a paper on the same subject: Women in Eastern Europe. But before I started my speech, I took out one sanitary napkin and one Tampax and, holding them high in the air, I showed them to the audience. « I have just come from Bulgaria, » I said, « and believe me, women there don’t have either napkins or Tampaxes – they never had them, in fact. Nor do women in Poland, or Czechoslovakia, much less in the Soviet Union or Romania. This I hold as one of the proofs of why communism failed, because in the seventy years of its existence it couldn’t fulfil the basic needs of half the population. »

Slavenka Drakulić (1949), How we survived communism and even laughed

Petite parenthèse un poil abrupte pour promouvoir une bonne alternative à ce « problème » (rien à voir avec le communisme, même si on reste dans la couleur).

Pour revenir à ce livre, je l’ai dévoré dans le train de nuit qui me ramenait chez moi. Il m’a réconcilié avec beaucoup de choses, même si je ne saurais dire précisément avec quoi. Il n’est malheureusement pas traduit en français, mais il est écrit dans un anglais fluide et très abordable.

 

 

 

Kanjis

L’enthousiasme ne va pas toujours de pair avec l’exactitude: cet article est écrit par une débutante en japonais et a pour but de partager ses « ohhh » et ses « ahhh ». 日本語の先生、si vous passez par là, vos remarques et corrections sont bienvenues !

Les kanjis japonais sont les idéogrammes venus de Chine, qui servent à transcrire une bonne partie du vocabulaire. Une terminaison écrite en alphabet japonais (hiragana) vient souvent les compléter.

C’est le plat de résistance de l’étude du japonais: les reconnaître, les écrire et les prononcer car, ne boudons pas notre plaisir, ils ont la plupart du temps plusieurs prononciations…

Comme tous les moyens sont bons pour les dompter, voici mes petites stratégies visuelles:


tanoshii

me fait penser à quand on gratte le ventre d’un chien

chien

et signifie agréable, joyeux (楽しい tanoshii).


furui

me fait penser à une tombe

tombe

et signifie vieux, ancien (古い furui).

!! Ne s’applique pas aux personnes (ouf) !!


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me fait penser à de l’herbe

herbe

et c’est bien à quoi cela fait référence, mais ce signe n’est jamais utilisé en temps que kanji seul: il s’agit d’une « couronne » qui permet de composer des kanjis plus complexes.

Il est toujours intéressant de déconstruire les kanjis « composés » et de découvrir les associations d’idées qui se cachent derrière.


Par exemple, quand on combine « herbe » et « agréable »,

kusuri

cela signifie médicament, remède (薬 kusuri)


et en combinant « herbe » et « ancien »,

nigai

on obtient pénible, douloureux (苦しい kurushii) ou amer (苦い nigai)


A quoi bon avoir de la culture si on ne peut pas l’étaler…

La prochaine fois que vous avez entre les mains un paquet de thé japonais (ou chinois, ça marche aussi), épatez vos amis: montrez-leur le mot « thé », c’est celui avec la couronne « herbe » !

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Vous l’avez repéré ?!

Le Maître et Marguerite

« В час жаркого весеннего заката на Патриарших прудах появилось двое граждан. »

Михаил Афанасьевич Булгаков (1891-1940), Мастер и Маргарита

 

« C’était à Moscou au déclin d’une journée printanière particulièrement chaude. Deux citoyens firent leur apparition sur la promenade de l’étang du Patriarche. »

Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), Le Maître et Marguerite

 

étang du patriarche couleur

 

ouvrir Google Earth

chercher Moscou (Москва)

repérer l’ensemble de grands boulevards formants un anneau autour du centre-ville

chercher l’étang du patriarche (Патриаршие пруды), plan d’eau rectangulaire bordé d’arbres situé entre dix et onze heure sur le bord intérieur de cet anneau (en language scout et non de science-fiction)

flâner parmi les photos au bord de l’étang et peut-être retrouver celle qui m’a servi de modèle

passer sur street view et, en partant du nord, faire le tour de l’étang dans le sens des aiguilles d’une montre: chercher le café Strudel, un homme torse nu devant une camionnette blanche, faire reculer une voiture rouge (magie d’internet) et c’est au croisement de Ermolaevskiy pereulok (Ермолаевский переулок) et Malaya Bronnaya Ulitsa (Малая Бронная улица), là-même où Mikhaïl Alexandrovitch Berlioz perd la tête à la fin du chapitre trois, que notre petit tour s’achève