
В сороковом году
Когда погребают эпоху,
Надгробный псалом не звучит,
Крапиве, чертополоху
Украсить ее предстоит.
И только могильщики лихо
Работают. Дело не ждет!
И тихо, так, Господи, тихо,
Что слышно, как время идет.
А после она выплывает,
Как труп на весенней реке, –
Но матери сын не узнает,
И внук отвернется в тоске.
И клонятся головы ниже,
Как маятник, ходит луна.
Так вот – над погибшим Парижем
Такая теперь тишина.
Année 1940
Quand c’est une époque que l’on enterre,
Aucune oraison ne retentit,
C’est l’ortie et le chardon amer
Qui fleuriront la tombe où elle gît.
Et seuls s’échinent les fossoyeurs,
Vaillants. Car le devoir n’attend pas!
Lourd, si lourd est le silence, Seigneur,
Qu’on entend le temps avancer au pas.
Mais viendra le jour où, de la rivière,
Comme un noyé elle émergera,
Le fils ne reconnaîtra pas sa mère,
Le petit-fils se détournera.
La lune passe comme un balancier
Sur les têtes baissées des passants.
Car dans les rues de Paris sacrifié
Le silence est le maître à présent.
Anna Akhmatova
5 août 1940
Pieds: 10/9/9/10, 9/9/10/10 puis 10/9/10/9
(original: 9/8/8/9 puis 9/8/9/8)
Dilemme aux vers 5 et 8: casser les pieds ou renoncer à l’allitération seuls s’échinent les fossoyeurs ?
Pour rééquilibrer le pieds manquant du vers 5, le temps du vers 8 avance au pas, au lieu de marcher au pas: un peu moins d’esprit militaire, même si le Paris ville ouverte de 1940 n’en manquait sûrement pas.
Le dessin du jour: derniers rayons de soleil sur le Sex rouge et les rochers de la Marchande











